6- Peut-on prévenir les lésions du pied ?

6.1- Enseignement  du risque podologique :

La prise en charge multidisciplinaire des lésions du pied diabétique diminue les amputations.

Le pied diabétique désigne un pied fragilisé par des complications neurologiques ou artérielles et par conséquent plus exposé à développer des troubles trophiques.

L’identification des patients à risque d’ulcération est l’élément clé dans la prévention des amputations chez le diabétique. Elle impose un examen clinique approfondi du pied réalisé au minimum une fois par an, selon les guides de recommandations américaines, canadiennes et françaises.

L’examinateur recherche des signes de neuropathie, d’artériopathie, des déformations des pieds, repèrera les zones d’hyperkératose ou les durillons et finira par inspecter les chaussures et semelles et notera la capacité du patient à s’examiner (vision et souplesse du corps) et à comprendre les messages d’éducation à l’auto-soin (instruction, entourage, niveau socio- économique).

Un niveau de risque podologique est attribué au patient en fonction d’une classification proposée par le consensus international sur le pied diabétique.

Les plus exposés doivent suivre un programme éducatif et un  avis spécialisé.

Chaussage :

L’examen du pied chaussé étudie la morphologie du cou du pied et de l’avant pied. la chaussure sera examinée sous toutes ses coutures, la hauteur du talon, la tige et les cambrions et leur impact sur le pied source d’aponévrosite. Les zones d’usure de la chaussure délimitent les zones d’hyper appui.

La chaussure est la cause principale de traumatisme. Il faut conseiller le diabétique de ne jamais marcher pieds nus.

Une chaussure pour les patients diabétiques doit avoir les qualités suivantes :

·       une taille, largeur et empeigne (hauteur de la partie avant de la chaussure) ménageant un volume suffisant pour éviter des traumatismes même minimes dans les chaussures.

·       Une tige assurant une bonne stabilité du talon et de la cheville

·       L’absence de coutures intérieures et l’utilisation de cuirs souples

·       Un lit plantaire entier répartissant les contraintes en cas de zones d’hyper appuis.

·       Une semelle externe facilitant le déroulé du pas

Acheter ses chaussures en fin de journée, les choisir à ouverture réglable pour insérer confortablement les semelles orthopédiques, sans couture pour éviter les frictions.

Les baskets ou chaussures de sport grâce à leur semelle épaisse sont un bon choix.

Pour les pieds avec déformation ou amputation, porter des chaussures orthopédiques sur mesure ou thérapeutique de série.

Eduquer les diabétiques nécessitant des chaussures de décharge à les porter en permanence jusqu'à cicatrisation.

Amener les patients à vérifier l’intérieur de leurs chaussures avant de les mettre et de ne jamais remettre une chaussure qui a causé une ulcération.

Il est conseillé au diabétique de porter en permanence des chaussettes en coton, propres et sans coutures.

Porter des orthèses plantaires  et des ortho plasties en cas de déformation ou pour répartir les appuis et frottements.

6.2- Intervention éducative en auto soins : 

Les diabétiques doivent être avertis du risque podologique liés à leur maladie et seront éduqués ainsi que la famille aux soins des pieds, l’hygiène quotidienne, les soins de pédicurie, les situations à risque et comment les gérer et le traitement des mycoses et des zones d’hyperkératose, plaie ou de phlyctènes.

Il est important pour le médecin et le personnel soignant de :

·       Concevoir un apprentissage centré sur le patient pour permettre aux individus de prendre des décisions éclairées en vue d'atteindre les objectifs choisis par le patient.

·       Individualiser les interventions des programmes d’éducation en fonction du type de diabète et de la thérapie recommandée, de la capacité et de la motivation du patient à apprendre et à changer, de sa culture et de son niveau d'alphabétisation.

·       Offrir des interventions d'éducation autogestionnaires collaboratives et interactives, car elles sont plus efficaces que les programmes didactiques.

·       Incorporer les compétences de résolution de problèmes par l'autogestion continue, les aspects médicaux, sociaux et émotionnels des soins dans le contenu des connaissances traditionnelles et des compétences techniques des interventions éducatives.

·       Organiser des campagnes de sensibilisations à grande échelle avec une large médiatisation.

Les professionnels de santé peuvent avoir besoin de discuter, d’accepter et de prendre des dispositions spéciales pour les personnes handicapées et les personnes confinées ou vivant dans les établissements de soins afin d’assurer  l’égalité d’accès  aux évaluations et aux personnes diabétiques.